Le 16 mars dernier, le député de Portneuf a prononcé un discours en l’honneur de M. Henri Beaudout, qui a traversé l’Atlantique en radeau en 1956, un exploit salué mondialement.
Vu l'état de santé de M. Beaudout, la médaille a été remise entre les mains de M. Louis Hardy, ami de M. Beaudout, qui était accompagné du président de la Société d’histoire de Neuville, M. André Parent, ainsi que M. Gérard Blais (auteur du livre « L'Égaré, perdu et retrouvé ») et de Mme Lina Dubois (recherchiste pour ce même livre). La médaille sera remise à M. Beaudout à Montréal le jour de ses 96 ans, le 14 avril prochain.
Né en France en 1927. Il a été résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans les lectures que j’ai pu faire à son sujet, il a perdu des camarades pendant la guerre et en est sorti profondément traumatisé. Il a décidé de changer de vie en immigrant au Québec en 1952 avec sa femme. Faisant des cauchemars à répétition et pour se changer les idées, il se donne pour objectif de traverser l’Atlantique Nord en radeau. En 1955, après avoir recruté un équipage, il tente une première traversée sur L’Égaré I, qui échoue en raison de l’ouragan Connie. La deuxième tentative en 1956 sera la bonne : après 89 jours de mer, il réussit à rallier l’Angleterre depuis la Nouvelle-Écosse à bord de l’Égaré II (4 hommes au départ puis 3, un ayant débarqué au début du voyage, et deux chatons). À l’époque, peu de gens ont cru qu’il réussirait un tel exploit. « Vos chances de survie sont d’une sur mille », avait affirmé un aumônier de l’armée canadienne avant leur départ.
Le radeau a par la suite été transporté dans la cour du Motel Légaré à Neuville. Il y est resté des années avant d’être démoli. En 2020, Gérard Blais, un ancien professeur du Cégep Notre-Dame-de-Foy et bibliste de formation, s’est donné comme mission de chercher les restes de L’Égaré II. Il a fini par mettre la main sur le dernier billot de L'Égaré II, dans la cour arrière d’une maison de Neuville. Avec l’aide du Département de foresterie de l’Université Laval, il a fait analyser le bois retrouvé. Une maquette a été construite avec les morceaux du dernier billot du radeau. Elle est présentement exposée dans l’église de Neuville avec la collaboration de la Société d’histoire de Neuville et de son président.
Outre la traversée de l’Atlantique Nord en radeau, Henri Beaudout s’est illustré en 1967 en refaisant, en voilier, la route effectuée par Jacques Cartier en 1534. Il a reçu le Grand Prix du nautisme lors d’Expo 67 pour cette traversée. L’année suivante, il a fondé la première école de voile à Rimouski.
Sa traversée de l’Atlantique en radeau, en plus d’être une première historique, a été pour Henri Beaudout un défi psychologique et physique. C’est une odyssée aujourd’hui méconnue. On peut parler de l’Égaré II comme du « Kon-Tiki de l’Atlantique » (nom du fameux radeau qui a traversé l’Océan Pacifique en 1947).